Mon parcours de céramiste

Mon aventure dans le métier d’artisan céramiste trouve ses racines dans un parcours scolaire atypique. En raison de ma dyslexie, je n’ai pas pu intégrer un lycée général après la 3e. C’est grâce à mon père que j’ai découvert le lycée professionnel L’Initiative à Paris, où j’ai suivi un CAP décorateur sur céramique. Ce fut une véritable révélation. L’idée de m’engager dans un métier manuel, en particulier celui qui me permettait de m’exprimer à travers la création, m’a immédiatement séduite.
Depuis mon enfance, j’ai toujours été attirée par les activités manuelles : fabriquer des objets, dessiner, observer le monde et alimenter un univers intérieur riche en imagination. Ma mère m’a transmis son goût pour la créativité, ce qui a grandement nourri cette passion. Je pense aussi que ma dyslexie a joué un rôle clé dans mon parcours. Elle m’a poussée à toujours compenser, à travailler davantage et à chercher des solutions différentes pour avancer. Ce qui m’a permis de développer une grande créativité et une persévérance à toute épreuve, des qualités qui ont été essentielles dans mon parcours professionnel.
Ma formation en Céramique
Après l’obtention de mon CAP qui m’a permis de mettre en valeur des talents souvent négligés dans un système scolaire classique et de retrouver la confiance en moi, j’ai poursuivi mes études avec un BMA (Brevet des Métiers d’Art) en céramique au sein de la même école.

J’ai eu la chance de bénéficier de l’accompagnement bienveillant de formateurs qui m’ont soutenue et encouragée.

Grâce à ce soutien, je obtenu mon diplôme avec les félicitations. J’ai ensuite intégré une prépa d’art, afin de perfectionner mes compétences en dessin, peinture et affiner mon regard critique pour trouver mon identité graphique.

Mon parcours a pris un tournant décisif lorsque j’ai intégré l’école supérieure d’art appliqué Duperré pour y obtenir le Diplôme des Métiers d’Art (DMA) en céramique. Cependant, après avoir suivi un cursus professionnel, je me suis aperçue que le programme ne répondait pas complètement à mes attentes sur le plan technique. J’ai donc fait une pause dans ma formation pour me consacrer pendant un an à la sculpture d’après modèle vivant aux ateliers des Beaux-Arts de Paris. Durant cette période, j’ai œuvré à l’ouverture d’une section permettant de passer mon DMA en candidat libre, jusqu’alors inexistante, ce qui m’a permis d’obtenir mon diplôme un an plus tard. Cet épisode de ma vie a été déterminant, tant sur le plan professionnel que personnel, car il m’a appris à remettre en question les cadres établis. Face à l’absence d’un environnement adapté, j’ai compris qu’il était parfois nécessaire de façonner son propre chemin, de déconstruire les normes et de s’affranchir des attentes des grandes institutions. J’ai vécu ce processus comme un acte de rébellion créative, m’enseignant l’importance de défier les conventions pour mieux s’émanciper et suivre ma propre voie.
Une Formation Complémentaire
Staffeur Ornemaniste
Après mon DMA, j’ai choisi de compléter mes compétences en me formant en tant que staffeur ornemaniste. Ce choix est né de mon désir d’approfondir mes connaissances sur le plâtre, un matériau étroitement lié à la céramique. À 25 ans, j’ai intégré un CAP de staffeur ornemaniste en un an au CFA de Brétigny-sur-Orge, en alternance avec l’entreprise La SOE Stuc & Staff, spécialisée dans le staff et la restauration de monuments historiques. J’ai choisi cette entreprise pour me confronter en tant que femme au milieu des métiers du bâtiment.

Travailler au sein de cette entreprise de renom a été une expérience incroyable. J’ai eu l’opportunité de participer à des projets de restauration prestigieux tels que le Louvre, le musée Rodin, l’ambassade de Chine et le Grand Hôtel de Paris…, mais aussi de travailler dans le secteur du luxe, notamment pour l’hôtel Le Peninsula. J’ai appris aux côtés de Compagnons et de Meilleurs Ouvriers de France (MOF), ce qui m’a permis d’apprendre l’excellence à la française. Ces chantiers prestigieux et la rigueur du travail m’ont énormément enrichie, tant sur le plan technique que personnel/ humain.
L'Aventure de l'Entrepreneuriat et de l'Enseignement
Après l’obtention de mon diplôme, j’ai continué à travailler pendant un an au sein de la SOE avant de faire une pause / prendre un congé maternité pour élever mon fils. À mon retour dans le monde professionnel, j’ai découvert une nouvelle voie : l’enseignement. C’est ainsi que j’ai commencé à animer des ateliers dans les écoles Parisiennes, dans le cadre des Ateliers TAP (temps d’activités périscolaires) avec l’association Conte à Modelé et La Ruée vers l’Art.
C’est à ce moment-là que l’aventure de l’entrepreneuriat a commencé pour moi. Progressivement, j’ai pris des responsabilités et commencé à animer des ateliers de modelage et de calligraphie pour enfants, puis pour adultes. Cette expérience m’a profondément enrichie, en me permettant de travailler en toute autonomie et de transmettre mon savoir-faire.
De la Ville à la Campagne entre Déplacements et Réflexion
Au fil du temps et en voyant mon enfant grandir, le besoin de me reconnecter à la nature s’est intensifié. Nous avons donc pris la décision de quitter la ville pour vivre à la campagne, d’abord en Ariège. Cette période a été marquée par des allers-retours réguliers entre Paris, les chantiers et notre nouveau cher nous. J’ai eu l’opportunité de travailler pour l’entreprise Tollis, spécialisée dans la restauration de monuments historiques, en tant que staffeur indépendant. Ce travail m’a permis de découvrir de nouveaux lieux riches en histoire et en patrimoine, tout en intervenant sur des projets prestigieux comme l’Hôtel de Ville de Douai et l’Église Saint-Joseph à Roubaix.
Cependant, les contraintes liées à la vie de famille, mon rôle de mère et les déplacements constants m’ont poussée à reconsidérer mes priorités. Il est devenu évident qu’un cadre de vie plus stable et aligné avec mes aspirations personnelles était nécessaire. Après cette expérience, j’ai pris la décision de m’installer en Dordogne avec mon fils et de repartir à zéro.
Un Changement de Cap
La Dordogne et Création de l'Atelier Brut
Après un temps d’introspection sur mon parcours, chaque étape m’a conduite à une réflexion profonde sur la direction à prendre. Ayant travaillé sur des projets prestigieux dans la restauration du patrimoine et exploré diverses formes d’art et d’artisanat, il est rapidement devenu clair qu’il était temps de réaliser un projet qui me tenait à cœur : créer mon propre atelier de céramique. Cette décision, mûrement réfléchie, s’est imposée comme une évidence. C’était l’opportunité de mettre en pratique tout ce que j’avais appris, de concrétiser mes aspirations artistiques et de transmettre ma passion. C’est ainsi qu’est né L’atelier Brut, en 2024.